17 juin 2014

Poème de juin

Je t’aime


Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues 
Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu 
Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud 
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs 
Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas 
Je t’aime pour aimer 
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas 

Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte 
Entre autrefois et aujourd’hui 
Il y a toutes ces morts que j’ai franchies sur la paille 
Je n’ai pas pu percer le mur de mon miroir 
Il m’a fallu apprendre mot par mot la vie 
Comme on oublie 


Je t’aime pour ta sagesse qui n’est pas la mienne 
Pour la santé 
Je t’aime contre tout ce qui n’est qu’illusion 
Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas 
Tu crois être le doute et tu n’es que raison 
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête 
Quand je suis sûr de moi.
Paul Eluard, Le Phénix

14 juin 2014

Ma part d'ombre

Je suis inquiète parce que je me rends compte que cette fois-ci, c'est plus grave que d'habitude.

Ces dernières années, j'essayais de contourner comme je pouvais ma forte anxiété. Je prenais sur moi avec difficulté. Je m’étais résignée à vivre avec, à la subir avec son lot de souffrances. Bien qu’insupportable, c’était devenu presque "normal" d’avoir fréquemment des crises d’angoisse.

Mon anxiété a commencé à m'envahir davantage, à déborder, devenant permanente, invalidante et invivable. Je me disais que ça allait passer. Derrière mon insomnie chronique et mon hyper-vigilance se cachent pourtant bien plus qu'une angoisse passagère. 

Elles abritent mes maux d'enfant, les douleurs enfouies, les non-dits, les carences. Tout ce que j'ai essayé d’étouffer et de masquer tant bien que mal pour survivre mais qui demeurait là, planqué, à l’affût d'un moment de faiblesse pour se réinviter dans ma vie.

J'ai peur d'aller creuser plus profond du côté de ma part sombre même si je sais que c'est devenu vital. J'ai l'impression de m'y être déjà tant attelé par le passé. Je suis préoccupée à l’idée de découvrir qu'il s'agit peut-être d'un puits sans fond. 

Il va falloir affronter ces fêlures, les écouter encore plus et cela m'effraie. Il faudra aller massacrer les fausses croyances, ces fantômes malveillants. Lâcher prise et faire le deuil de ce qui n'existera jamais.

Chercher celle que je suis vraiment derrière les apparences, celle que je n'ai pas assez écoutée, celle que j'ai négligée comme d'autres l'avaient fait avant.
 

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