À un passage piéton, le regard appuyé d'un motard
me déstabilise. La visière de son casque recouvre deux
perles bleues limpides dans lesquelles mon être s’éparpille.
La
ouate laineuse de l'aurore glisse, la fécondité de l'inattendu se répand dans
notre matinée et balaie la rumeur de la ville. Les façades d’albâtre des
immeubles vacillent.
Nos mondes se croisent et se dévisagent, deux bulles
d'existence qui se greffent l'une à l'autre.
L'inaltérable fraîcheur de l'instant inonde nos vies.
Un souffle vital
s'infiltre dans mes poumons leur consentant de respirer comme pour
la première fois. Ma vie ne semble alors qu'avoir été une
lente gestation jusqu'à cette
rencontre lumineuse. Je bois du bout des yeux l'infini qui monte de
son âme.
Je m’émerveille de l'extase que peut provoquer un regard
et me laisse happer par l'éclat de ce qui ne se transmet que
dans le silence.
Le pouls de la circulation se remet à battre, nos
horizons s’éloignent en un vrombissement assourdissant. La dimension
sublime et si fragile de ce qui ne se reproduira jamais envahit ma mémoire.
À mon réveil, l'effluve de son souvenir perle dans mes
veines. Depuis, je cherche en vain son regard dans les reflets dorés du monde.
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