La poésie se vit, se respire. Elle enivre, nourrit celui qui sait la recevoir. Intemporelle, elle apprivoise le passé et l'avenir et ne s'évapore pas avec l'instant. Elle réveille les coeurs arides, recueille nos lambeaux d'humanité embués de chagrin.
Elle dévoile sans cesse des teintes nouvelles, des arômes plus intenses. Elle colore nos âmes d'étoiles. Elle nous relie à notre essence, à Dieu, aux hommes, au cosmos. Elle est un refrain qui change de notes. Elle est une saison, jamais la même. Elle est une heure qui se cache dans les lueurs de l'aube ou dans le crépuscule. Elle danse au milieu des tâches du quotidien. Elle chante la grâce et la délicatesse.
Elle est l'incendie qui ravage notre cœur. Elle est une mer agitée, un voyage qui nous emmène chaque fois loin du connu. Elle est l'imagination et la conscience, le rêve et la plénitude intérieure. Elle bruisse, elle chuinte, elle vrombit. Elle prend l'apparence d'une fusée puis se transforme en une aile d'abeille et vient s'assoupir dans un nid d'hirondelle.
Elle est humide et sèche, elle est froide et brûlante. Elle est versatile. Elle est imparfaite et rêveuse. Elle est âme, elle est nuage. Elle est féminine et masculine. C'est une déesse, une lionne, un temple, une cathédrale. Elle a parfois un sexe, des mains, des bras. Elle s'abrite derrière une trace, un souvenir, une senteur. Elle magnifie l'anse d'une tasse, l'éclat d'un silence, la fragilité d'un geste. Elle s'attarde au creux d'un regard que l'on ne peut oublier.
Elle est à l'image de celui qui lui donne vie et de celui à qui elle est destinée. Elle est un guide et une lumière scintillante dans la farandole furieuse de nos existences.